Phytothérapie
Pervenche
Agricola, en 1539, signalait la Pervenche comme remède de l’angine.
Mme de Sévigné, aussi soucieuse de la santé de son entourage que de la sienne, ne manquait pas de la recommander à sa fille pour le même usage : « Guérissez-vous avec votre bonne Pervenche, bien verte, bien amère ; rafraîchissez-en cette poitrine enflammée ».
Depuis longtemps, la Pervenche est préconisée contre les hémorragies : simple et bénin saignement de nez (Mathiolle) et crachements de sang. Georges Petit la conseillait même contre l’hémoptysie des tuberculeux. Ses qualités astringentes la font employer, de plus, contre les pertes blanches et l’entérite.
Très bon tonique amer, elle est conseillée par Leclerc contre l’anémie et comme apéritif et fortifiant. Comme les autres amers, elle est aussi fébrifuge et Leclerc la recommandait contre le paludisme.
La médecine populaire l’utilise, en outre, depuis fort longtemps, pour tarir le lait des nourrices, soit seule, soit en association avec la Canne de Provence. C’est encore un très bon antidiabétique, qui amène une diminution de la glycosurie en même temps qu’une atténuation de la pénible sensation de soif. Mais là ne se bornent pas les bienfaits de l’humble petite Pervenche si chère à Claude Bernard, qui la cultivait avec prédilection de son « nid de verdure » de Saint-Julien et qui disait d’elle : « c’est une merveille de la nature. Elle reflète l’azur du ciel ».
Le laboratoire en extrait, particulièrement de l’espèce Vinca rosea de Madagascar, deux alcaloïdes actuellement employés dans la thérapeutique des maladies malignes (leucoses, maladie de Hodgkin, certains sarcomes et certains épithéliomas).
Un autre alcaloïde améliore la circulation cérébrale, dilate les petites artères et fait baisser la tension.
Enfin, pour l’usage externe, les feuilles de Pervenche sont ventées contre les ecchymoses et pour arrêter le sang des coupures. Elles entrent dans la formule des « espèces vulnéraires », dont l’infusion est recommandée pour l’usage interne et externe après des coups ou une chute.
Hysope
« Lave-moi avec l’Hysope et je serai net », dit le roi Salomon, qui employait cette plante sacrée avec le bois de Cèdre contre la lèpre. Au Moyen Age, sainte Hildegarde l’utilisait, associée à la Réglisse et à la Cannelle, comme « puissant remède des affections du foie et du poumon », et, unie à la tisane des quatre fleurs, « pour soulager les nonnes chez lesquelles le chant a provoqué de l’enrouement ».
De son côté, Trotula, la ‘Sage Matrone », une des gloires de la fameuse école de Salerne, la recommandait pour purger le poumon de son phlegme, surtout unie à la Figue.
De nos jours, c’est toujours contre les affections des bronches qu’on utilise l’Hysope. C’est un excellent expectorant, puis asséchant, qui favorise la respiration par action sur les centres nerveux. On le préconise contre la toux et l’oppression, les maladies de bronches avec essoufflement, contre m’asthme. Stimulant, il relève le tonus amoindri par la toux, mais les sujets nerveux, toutefois, ne doivent l’utiliser qu’à petites doses.
Pour l’usage externe, la plante est résolutive et vulnéraire. Elle entre d’ailleurs dans la composition de « l’alcoolat vulnéraire » officinal. On l’utilise en gargarismes dans les affections de la gorge et en cataplasmes contre les blessures, les ecchymoses, les entorses.
Mûrier noir
L’écorce de la racine a longtemps passé pour purgative et ténifuge, mais, après les expériences du Dr Bérenger, elle a été rayée de la liste des ténifuges.
Les fruits, avant leur maturité, sont astringents et très acidulés (un litre de jus contient 20 à 25 g d’acide citrique). On employait ce jus, jadis, contre la diarrhée, la dysenterie, les crachements de sang, les règles trop abondantes. On prépare encore, avec les fruits récoltés avant complète maturité, un sirop très renommé, utilisé en gargarismes contre les maux de gorge ou comme boisson rafraîchissante.
A maturité complète, ces fruits deviennent laxatifs.
Les feuilles de Mûrier noir étaient depuis longtemps employées couramment en infusion contre le diabète.
Les travaux récents de Bart ont prouvé l’efficacité de ce traitement, qui permet d’entraîner la diminution, et même la disparition, de la glycosurie.
Persil
Dodoens, un des grands botanistes flamands de la Renaissance, signale le Persil dans ses ouvrages comme étant un remède populaire de l’épilepsie, utilisé aussi dans l’asthme et la toux invétérée. Ces propriétés n’ont pas été retenues par la suite.
Les médecins de l’Antiquité, comme Galien et Constantin, puis plus tard Fernel et enfin Cazin ont employé la racine comme diurétique. Ils l’ont préconisée chaque fois qu’il y a œdème (cardiaque ou rénal) et dans les abcès du rein. En même temps qu’elle est diurétique, la racine de Persil est aussi apéritive, comme, d’ailleurs, les quatre autres racines (Ache, Asperge, Fenouil et Fragon) avec lesquelles elle s’unit dans le fameux « sirop des cinq racines ».
La plante entière avec semences contient un liquide huileux, l’apiol, isolé en 1849 par Homolle et Joret, auquel elle doit ses propriétés emménagogues et fébrifuges. Le Persil agit efficacement dans les cas de règles irrégulières, difficiles, douloureuses. Il calme la douleur et rétablit la régularité de la fonction menstruelle.
Les feuilles de Persil possèdent une extrême richesse en vitamines, en sels minéraux et en oligo-éléments qui mérite d’être signalée. Lucie Randoin et Paul Fournier, d’ailleurs, ont écrit : « Le Persil est réellement un aliment exceptionnel : tonique, antirachitique, antianémique, antiscorbutique, antixérophtalmique, on peut, sans exagération, le considérer comme l’un des plus précieux aliments de sécurité que la nature a mis généreusement à la disposition de l’espèce humaine ».
Les semences, comme les autres semences d’Ombellifères, jouissent de propriétés carminatives et stomachiques. Pour l’usage externe, les feuilles ont des propriétés résolutives, utilisées depuis longtemps en médecine populaire pour dissiper les engorgements laiteux et tarir le lait des nourrices, comme pour calmer les piqûres d’insectes, les irritations cutanées, les contusions et les ecchymoses. C’est également une plante embellissante, renommée pour éclaircir le teint et pour faire disparaître les taches de rousseur.
Adonis
C’est un des « pères allemands » de la botanique, Bock, dit Tragus, qui signala le premier, à l’époque de la Renaissance, les propriétés de l’Adonis. Utilisée autrefois contre les néphrites et l’urémie, c’est surtout comme tonique du cœur qu’on l’emploie de nos jours : elle fut signalée en 1879 par Budnow et étudiée par Fukelman et Chevalier, lesquels découvrirent son principe actif. L’adonis régularise les mouvements du cœur, agit sur la circulation sanguine et augmente la pression artérielle (son emploi est donc interdit aux personnes souffrant d’hypertension). Elle se place, d’après les auteurs, come une excellente médication intermédiaire entre la Digitale et le Stophantus. Tout en facilitant les fonctions du rein par son pouvoir diurétique, c’est à la fois un précieux tonique du cœur et un bon sédatif, qui possède, de plus, la faculté de s’éliminer très vite.
Moins puissant que la Digitale, certes, mais aussi moins toxique, l’Adonis se révèle comme un excellent remède ne nécessitant pas de pause dans le traitement, très recommandable aussi bien dans le cas d’insuffisance cardiaque que dans les cas de baisse de la tension artérielle (hypotension).
Asaret
On utilisé jadis l’Asaret comme vomitif, avant l’importation de l’Ipécacuanha. Son nom de Cabaret lui vient de ce que, dans certains pays et particulièrement en Russie, on utilisé cette propriété émétique pour dissiper l’ivresse.
Le rhizome est, en outre, fortement purgatif. Toutefois d’après Brissemoret, il n’est actif qu’à l’état frais ou dans les six mois suivant la récolte.
A dose moins élevée, l’Asaret jouit de propriétés expectorantes, signalées par le Dr Leclerc, et on l’utilisait contre les catarrhes et la coqueluche. Le rhizome, réduit en poudre, est sternutatoire, mais on emploie plus spécialement les feuilles pulvérisées pour cet usage, soit seules, soit mêlées à d’autres substances comme dans la « poudre de Saint-Ange » (cette poudre était vendue à Paris comme remède secret).
L’Asaret du Canada (Asarum canadense), appelé souvent Wild Ginger, c’est-à-dire Gigembre sauvage, diffère par sa composition chimique de l’espèce européenne. On l’utilise comme stimulant et on le considère comme légèrement sudorifique. Mais on l’emploie aussi comme épice, en remplacement du Gingembre.
Jujubier
On a cru longtemps faire du Jujubier le lotos des Lotophages, ce « mets fleuri » tellement délicieux que les compagnons d’Ulysse en perdirent le souvenir de leur patrie et que celui-ci dut les garrotter pour les réembarquer de force.
Pourtant, il faut bien avouer que la Jujube ne possède aucune de ces qualités exceptionnelles. Assez insipide, elle est loin d’avoir le goût du miel, et il ne viendrait à l’idée de personne de manger les fleurs du Jujubier. Desséchées, elles sont adoucissantes et facilitent la toux en cas de rhume bénin ou d’enrouement (encore doivent-elles être en compagnie des figues, des raisins et des dattes pour former le mélange des « quatre fruits béchiques »).
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Ortie
Employées jadis comme révulsif rapide dans les cas de paralysie, les Orties sont réputées en médecine populaire comme un excellent astringent. On les utilise contre les hémorragies d’origines diverses : crachements de sang, règles trop abondantes, saignements de nez. Leurs vertus anti-diarrhéiques, vantées par le Dr Oudar, sont certaines et se montrent précieuses dans les diarrhées des tuberculeux et des affaiblis, les entérites muco-membraneuses.
Elles sont réputées dépuratives et très utilisées contre les dermatoses rebelles : eczémas, psoriasis, dartres.
Leur action stimulante sur toutes les sécrétions digestives (stomacales, pancréatiques, hépatiques et intestinales) est loin d’être négligeable.
Très revitalisantes, elles possèdent la même richesse et la même action que l’Epinard et répondent aux mêmes indications (elles lui sont même préférables chez les rhumatisants, car elles ne contiennent pas d’oxalates). On consomme encore les jeunes pousses cuites en légume, à la façon des Epinards, dans certaines campagnes, ou on les incorpore aux potages, auxquels elles communiquent un goût très apprécié. On préfère alors, pour cet usage alimentaire, la Petite Ortie, moins fibreuse.
Les Orties contribueraient, en outre, à faire baisser le sucre et se montreraient donc utiles dans le traitement du diabète.
La racine est un diurétique, vanté autrefois contre la rétention d’urine. Pour l’usage externe, les frictions et flagellations avec une poignée d’Ortie constituent de vieux remèdes révulsifs, préconisés contre les douleurs rhumatismales : ces procédés héroïques ne semblent plus guère prisés de nos jours. Par contre, l’Ortie est toujours renommée pour composer des lotions capillaires efficaces pour faire pousser les cheveux.
Grenadier
Il semble que les anciens Egyptiens employèrent les premiers le Grenadier comme vermifuge. L’écorce de la racine était utilisée comme anthelminthique de temps immémorial dans l’Hindoustan et, chez les Grecs, dès l’époque de Dioscoride.
Tombée en désuétude en Europe, ce fut Buchanan, en 1807, qui la remit en usage, puis le Dr Mérat la signala le premier comme ténifuge aux médecins français.
Les fleurs (appelées balaustes) sont astringentes. Elles donnent de bons résultats dans la diarrhée chronique, la leucorrhée, les hémorragies.
L’écorce de la racine est un vermifuge très efficace contre le ténia armé et le bothryocéphale.
Assez souvent mal tolérée, on l’interdit aux enfants, aux femmes enceintes et à celles qui allaitent.
L’écorce du fruit est un vermifuge aussi, mais uniquement contre les ascaris. Le suc provenant de la pulpe pressée sert à faire un sirop populaire très rafraîchissant : la grenadine.
Centaurée (Petite)
D’après la légende, elle guérit le Centaure Chiron d’une blessure au pied faite par Hercule. Elle était l’antidote préféré des druides, qui l’utilisaient contre les piqûres des serpents et des scorpions. Ils lui connaissaient déjà des propriétés fébrifuges, d’où son nom, en bas latin, de febrefugium.
Son pouvoir fébrifuge, presque égal à celui du Quinquina, l’a fait longtemps utiliser contre les fièvres intermittentes et les accès paludéens.
C’est aussi un excellent tonique contre les maux d’estomac : aigreurs, paresse du tube digestif. Elle est renommée contre les gastralgies des goutteux. Elle donne aussi de l’appétit. Précieuse dans les convalescences, elle s’utilise contre les pâles couleurs, l’anémie, la faiblesse générale.