Plantes M, N, O
Ortie
Employées jadis comme révulsif rapide dans les cas de paralysie, les Orties sont réputées en médecine populaire comme un excellent astringent. On les utilise contre les hémorragies d’origines diverses : crachements de sang, règles trop abondantes, saignements de nez. Leurs vertus anti-diarrhéiques, vantées par le Dr Oudar, sont certaines et se montrent précieuses dans les diarrhées des tuberculeux et des affaiblis, les entérites muco-membraneuses.
Elles sont réputées dépuratives et très utilisées contre les dermatoses rebelles : eczémas, psoriasis, dartres.
Leur action stimulante sur toutes les sécrétions digestives (stomacales, pancréatiques, hépatiques et intestinales) est loin d’être négligeable.
Très revitalisantes, elles possèdent la même richesse et la même action que l’Epinard et répondent aux mêmes indications (elles lui sont même préférables chez les rhumatisants, car elles ne contiennent pas d’oxalates). On consomme encore les jeunes pousses cuites en légume, à la façon des Epinards, dans certaines campagnes, ou on les incorpore aux potages, auxquels elles communiquent un goût très apprécié. On préfère alors, pour cet usage alimentaire, la Petite Ortie, moins fibreuse.
Les Orties contribueraient, en outre, à faire baisser le sucre et se montreraient donc utiles dans le traitement du diabète.
La racine est un diurétique, vanté autrefois contre la rétention d’urine. Pour l’usage externe, les frictions et flagellations avec une poignée d’Ortie constituent de vieux remèdes révulsifs, préconisés contre les douleurs rhumatismales : ces procédés héroïques ne semblent plus guère prisés de nos jours. Par contre, l’Ortie est toujours renommée pour composer des lotions capillaires efficaces pour faire pousser les cheveux.
Noyer
Le noyer fournit à l’herboristerie ses feuilles, le brou, l’huile extraite de ses fruits.
Les feuilles du Noyer jouissent de propriétés toniques, stimulantes, stomachiques et dépuratives qui les font recommander dans le rachitisme, le lymphatisme, la tuberculose pulmonaire et osseuse.
Leur action est très nette sur l’appareil digestif et le tonus musculaire. Elles stimulent le foie et la circulation, tout en épurant le sang.
Elles jouissent de certaines propriétés antibiotiques, reconnues depuis bien longtemps dans les campagnes, dans les traitements où elles servaient au traitement des malades atteints du charbon (propriété mise en évidence par les expériences de C. Davaine).
Mais elles se montrent encore extrêmement précieuses dans le traitement des diabètes gras « hépatiques ». Elles agissent favorablement sur les métabolismes perturbés, déterminent une nette diminution de la glycémie, diminuent la soif et les mictions trop fréquentes des diabétiques, en même temps qu’elles évitent les complications de la maladie (travaux de G. Reynaud).
Pour les soins externes, les indications des feuilles de Noyer sont innombrables. On utilise la décoction contre la leucorrhée et la métrite chronique, certaines variétés d’eczéma, les croûtes de lait, les ulcères et les plaies variqueuses, l’irritation des paupières, les pellicules et la chute des cheveux, les angines. On utilise, paraît-il, cette même décoction en Angleterre pour laver les chevaux afin de les mettre à l’abri des piqûres d’insectes.
La beauté, elle aussi, y trouve son compte, puisque rien ne vaut un bain de feuilles de Noyer (d’ailleurs spécialisé par un laboratoire) pour rendre la peau élastique et douce au toucher, tout en calmant les démangeaisons éventuelles.
Le brou de Noix jouit, lui aussi, d’un nombre impressionnant de vertus. Tonique, stomachique et dépuratif comme les feuilles, il est aussi vermifuge. Antisyphilitique puissant, il entre, avec la Salsepareille et la Squine, dans la tisane de Pollini, si célèbre en Italie contre ce mal que nous appelons « napolitain ». On préparait jadis, avec le suc de brou vert épaissi avec du miel, un sirop, le Rob Nucum, très renommé contre les maux de gorge, les inflammations et abcès des amygdales.
On utilise encore avec succès ce suc de brou vert contre la teigne et pour faire disparaître les verrues.
L’huile de Noix, très parfumée, n’a qu’un défaut : sa rareté. Elle était jadis fort employée pour l’usage médical (on la préférait vieille d’un an au moins et un peu rance). Elle était renommée contre le ver solitaire, les coliques néphrétiques et la gravelle. Mêlée à part égale avec l’eau de chaux, elle apaisait et guérissait les brûlures.
Moutarde blanche
Très apéritive, elle excite l’estomac. On l’a surnommée « la pierre à aiguiser l’appétit », « la clé d’or de l’appétit ». Elle sert à préparer les moutardes fines du commerce. Comme l’a démontré le Dr Delezenne, c’est un puissant excitant de la sécrétion pancréatique et, grâce à son essence antiseptique, elle contribue à désinfecter l’intestin.
La graine de Moutarde blanche est encore assez employée de nos jours contre la constipation : son action mécanique se complète par le gonflement du mucilage contenu dans son enveloppe extérieure.
Millepertuis
A l’époque druidique, le Millepertuis était considéré comme une plante bénie, dont l’odeur seule suffisait à chasser les mauvais esprits (son surnom de Chasse-Diable, Fuga démonium, lui vient de l’époque gallo-romaine).
Comme dit le Dr Leclerc , « on remplirait un volume des vertus que les Anciens lui prêtaient… », mais ces vertus d’antan sont, de nos jours, bien oubliées.
Cazin l’utilisait encore, au siècle dernier, contre les maladies de poitrine : asthme et catarrhe bronchique.
La plante était aussi renommée contre les leucorrhées ; Olivier de Serres, déjà, la disait bonne « pour émouvoir les fleurs des femmes ».
Mais la grande renommée du Millepertuis, qui a subsisté jusqu’à nos jours, est d’être un merveilleux vulnéraire, que les chirurgiens de Montpellier estimaient déjà à nul autre pareil.
On l’utilisait à l’intérieur comme cordial et, à l’extérieur, pour les pansements. Sec, il entrait avec la racine d’Angélique, dans le baume de Commandeur, dont l’usage populaire était général, et à l’état frais, avec des tas d’autres plantes aromatiques, il composait l’alcoolat vulnéraire appelé familièrement « eau d’arquebusade ».
De nos jours « l’huile rouge » continue dans certaines régions de France, en Suisse et en Europe Centrale, à cicatriser et aseptiser les plaies et à guérir les brûlures, et c’est sans doute uniquement sous cette forme (ou sous le nom d’Hypericum homéopathique) que le Millepertuis continue à panser nos maux.
Noisetier
D’un goût très fin et très agréable, la Noisette entrait déjà dans l’alimentation de l’homme préhistorique. Très nutritive, elle est néanmoins plus digeste que la Noix.
On lui attribuait jadis, infusée dans du vin blanc, des vertus diurétiques qui ne semblent pas avoir été prouvées. Certains auteurs prétendaient aussi que le pollen de ses fleurs ou le Gui cueilli sur ses branches étaient des remèdes contre l’épilepsie.
De nos jours, on se sert encore de ses baguettes, dans certaines campagnes reculées, pour rechercher des sources – sans qu’on ait expliqué ce pouvoir divinatoire… Et cette propriété quasi magique se double de vertus médicinales.
L’écorce de sa racine contient un principe astringent qui la fait utiliser dans les règles excessives ou douloureuses et, selon Cazin, dans les fièvres intermittentes (paludisme).
A l’extérieur, l’écorce des rameaux est un excellent sédatif local des hémorroïdes et un cicatrisant renommé contre les ulcères variqueux.
Navet
Depuis longtemps, la médecine populaire reconnaît au Navet des propriétés émollientes, adoucissantes et pectorales. Le bouillon pectoral à base de feuilles de Navet et de Pulmonaire, de Chou rouge, de Cresson et de mou de veau était si renommé qu’il avait même la réputation de guérir la phtisie !
On emploie encore le Navet contre toutes les maladies de poitrine : catarrhes chroniques, asthme, coqueluche.
Mais là ne se borne pas les bienfaits de ce légume pourtant si peu considéré. Sans doute, pour se venger de la méprisante appellation « sang de Navet », ne s’avise-t-il pas d’être un excellent antiscorbutique et un des végétaux les plus recommandés contre l’anémie ? Riche en vitamines et en précieux oligo-éléments, le Navet enrichit le sang et doit entrer dans le régime des convalescents, des affaiblis, des sportifs.
Pour l’usage externe, la pulpe cuite du Navet est efficace contre les engelures, les douleurs de la goutte, les névralgies dentaires et les engorgements laiteux des seins.
Moutarde Noire
[:en]
L’emploi des enveloppements sinapisés, préparés alors avec du Lin, du Safran et de la Moutarde, est une des innovations de Galien, ce médecin grec du IIème siècle qui demeura la plus grande autorité jusqu’au XVIIème siècle.
Le procédé de révulsion est demeuré classique jusqu’à nos jours et est toujours préconisé contre la congestion des bronches, les refroidissements graves, les affections rhumatismales douloureuses et dans les congestions de la tête : il est appliqué sous forme de cataplasmes, en frictions rubéfiantes ou en bains de pied.
Il ne doit jamais être utilisé chez hypernerveux ou atteints d’affections cutanées ou de varices.
Bien que son usage le plus général soit externe, la Moutarde noire peut s’employer à l’intérieur comme tonique et comme stimulant. Elle est aussi antiscorbutique et purgative, mais il ne faut pas en prolonger l’usage, car elle est irritante.
L’emploi des enveloppements sinapisés, préparés alors avec du Lin, du Safran et de la Moutarde, est une des innovations de Galien, ce médecin grec du IIème siècle qui demeura la plus grande autorité jusqu’au XVIIème siècle.
Le procédé de révulsion est demeuré classique jusqu’à nos jours et est toujours préconisé contre la congestion des bronches, les refroidissements graves, les affections rhumatismales douloureuses et dans les congestions de la tête : il est appliqué sous forme de cataplasmes, en frictions rubéfiantes ou en bains de pied.
Il ne doit jamais être utilisé chez hypernerveux ou atteints d’affections cutanées ou de varices.
Bien que son usage le plus général soit externe, la Moutarde noire peut s’employer à l’intérieur comme tonique et comme stimulant. Elle est aussi antiscorbutique et purgative, mais il ne faut pas en prolonger l’usage, car elle est irritante.
Nerprun
Le Nerprun est un purgatif énergique.
L’écorce, qu’il faut laisser vieillir deux ans avant de l’utiliser, a été abandonné, car, produisant à la fois vomissements et diarrhées, il était trop délicat de l’employer sans discernement.
On utilise souvent les baies, qui constituent, elle aussi, un purgatif très énergique, qu’il ne faut employer que si le médecin a jugé une telle purgation.
On les vantait naguère contre l’hydropisie, la congestion cérébrale, les maladies chroniques de la peau.
On prétend que deux baies prises chaque matin suffisent à éloigner un accès de goutte.
Menthe Pouliot
Connue des Grecs et des Romains, la Menthe Pouliot est reconnue comme stimulante et excitante du système nerveux.
Elle active, d’autre part, la sécrétion bronchique et favorise l’expectoration, ce qui la fait recommander dans l’asthme, la toux quinteuse et l’enrouement. Cazin l’associe alors au Serpolet, à l’Hysope et à la Sauge.
Haller la préconisait aussi comme emménagogue et vermifuge et conte le hoquet et les vomissements.
Oranger
La feuille du Bigaradier est très souvent utilisée pour ses propriétés sédatives, car elle calme les spasmes des nerveux et leur permet de trouver le sommeil. Elle et aussi recommandée contre les toux quinteuses, les crampes d’estomac d’origines nerveuses, les palpitations, la céphalalgie et, accessoirement, comme fébrifuge et sudorifique en cas de rhume. On se sert, pour les mêmes usages, de la fleur de Bigaradier, bien que celle-ci soit plutôt réservée pour la préparation de l’hydrolat pharmaceutique extrêmement connu : l’eau des fleurs d’Oranger, appelée encore eau de Naphé, très parfumée, utilisée dans l’alimentation et en pharmacie et qui jouit, elle aussi, de propriétés calmantes. On extrait de ces fleurs l’huile de néroli, qui est la base des eaux de Cologne de qualité.
Bien que la feuille et la fleur d’Oranger doux jouissent à peu près des mêmes propriétés, l’herboristerie utilise surtout celles du Bigaradier, bien supérieures comme arôme et comme goût.
L’orange douce est l’un de nos fruits les plus estimés : Ninon de Lanclos, déjà, la belle des belles, attribuait son inaltérable jeunesse aux Oranges qu’elle mangeait chaque jour. Fruit de luxe encore jusqu’au milieu du XIXème siècle, chacun connaît de nos jours sa richesse en vitamines. L’Orange douce (appelée aussi Pomme de Médie ou de Perse) sert à faire un agréable sirop rafraîchissant et acidulé et une limonade, l’orangeade, recommandés tous deux comme boisson au cours des maladies fébriles. Les zestes servent à faire l’essence de Portugal des parfumeurs.
Seule l’écorce d’Orange amère est utilisée en médecine : elle sert à faire des sirops, une teinture, des alcoolats. Très bon stomachique, c’est, en même temps qu’un apéritif, un excellent tonique de l’estomac et des voies digestives. L’écorce d’Orange douce, beaucoup moins amère, n’a pas une action aussi marquée. On retire des fruits tout jeunes du Bigaradier qui tombent spontanément, nommés Orangettes ou Petits Grains, une huile volatile qui porte leurs noms. Les Orangettes deviennent très dures en séchant et servaient autrefois à faire les pois à cautères, dits « Pois d’Oranges ».